Ohada - Les conflits entre actionnaires
La société anonyme est une société commerciale dont le capital social est composé de titres appelés « actions » pour des investisseurs et épargnants appelés « actionnaires »
Les actionnaires sont propriétaires d'au moins une action.
Lorsque des intérêts patrimoniaux sont en jeu, il naît des conflits et il
apparaît des incidents de fonctionnement. Le mode de résolution de ces conflits
et dysfonctionnements est prévu par les statuts de la société anonyme. Les
incidents de fonctionnement surgissent lorsque par exemple deux groupes
d'actionnaires devenus antagonistes bloquent toute décision qui permettrait de
reconstituer le conseil d'administration, ou encore lorsque les dirigeants
refusent de manière abusive toute distribution de dividendes. Il s'agit aussi
pour un actionnaire minoritaire disposant d'une minorité de blocage d'interdire
toute modification statutaire pourtant indispensable à la survie de la société,
etc. La survenance de ces conflits peut affecter, voire paralyser le
fonctionnement de la société.
Le règlement des conflits entre actionnaires est une tâche
à laquelle le législateur Ohada s'est attelé pour protéger les actionnaires,
prévenir et résoudre les conflits qui naissent du fait d'une gestion exclusive
par les dirigeants, détenteurs de la majorité du capital social. Afin de
prévenir les conflits d'intérêts qui pourraient naître des rapports entre les
actionnaires minoritaires et les actionnaires majoritaires, le législateur Ohada
place l'intérêt social au-dessus des intérêts personnels des
actionnaires.
Les dispositions qui préviennent les conflits entre
actionnaires
Dans la société anonyme, l'actionnaire ne peut rien décider de
manière unilatérale. La décision qu'il doit prendre passe toujours par
l'approbation de l'ensemble des actionnaires qui constitue l'assemblée. En vue
de préserver les intérêts légitimes des actionnaires, le législateur Ohada a mis
en place une réglementation stricte qui permet de sauvegarder ces intérêts : la
convocation des actionnaires, leur admission dans l'assemblée, leur information,
la tenue et l'organisation de l'assemblée. Notons que ces dispositions
préventives des conflits sont relatives aux droits individuels des actionnaires
et à la réglementation des assemblées d'actionnaires.
Les droits individuels des actionnaires sont le droit de faire
partie de la société ; le droit de participer aux décisions de la société ; le
droit d'être désigné aux fonctions sociales ; le droit d'agir en justice. Les
dispositions financières prévues par le législateur Ohada accordent Ã
l'actionnaire le droit aux bénéfices, le droit de souscrire aux augmentations du
capital, de négocier les actions, le droit au remboursement de la valeur
nominale de l'action et au boni de liquidation (les sommes que se partagent les
actionnaires d'une société dissoute, les bénéfices non distribués au cours de la
vie de l'entreprise). S'ajoute à cela la réglementation des assemblées
d'actionnaires, généralement reproduite dans les statuts de la société.
Comment résoudre les conflits?
Le législateur Ohada a prévu le recours au juge étatique ainsi
qu'à l'arbitrage, un mode privé de résolution de conflit plébiscité par les
hommes d'affaires avertis.
Le juge intervient pour tenter de mettre un terme aux
difficultés de fonctionnement en élaborant des schémas. Ces schémas consistent Ã
désigner un administrateur provisoire par le juge des référés, à recevoir
l'action introduite par un ou plusieurs actionnaires victimes d'abus de majorité
ou d'abus de minorité. Le juge autorise la désignation d'un administrateur
provisoire et d'un juge des référés si l'existence d'une urgence est reconnue.
Le juge des référés intervient à titre provisoire, de manière rapide, sans
décider de manière définitive sur le fond du problème puisqu'il ne juge pas le
litige. Il n'intervient pas non plus dans la gestion de la société, car il n'a
pas le pouvoir de gérer la société à la place des actionnaires.
L'intervention du juge est encore nécessaire en cas d'abus de
majorité ou d'abus de minorité. Il y a abus de majorité lorsque les associés
majoritaires ont voté une décision dans leur seul intérêt, contrairement aux
intérêts des associés minoritaires. L'abus de minorité est la situation dans
laquelle les actionnaires minoritaires adoptent, dans leur seul intérêt, une
attitude contraire à l'intérêt général de la société en créant un obstacle à la
réalisation d'une opération essentielle pour elle. Les actionnaires doivent
saisir le tribunal pour une demande de dissolution anticipée de la société pour
« justes motifs », c'est-à -dire pour des motifs qui peuvent paralyser le
fonctionnement de la société.
Le législateur Ohada a également prévu le recours à l'arbitrage
comme mode de résolution de conflits entre actionnaires, relatifs à tout
différend d'ordre contractuel. L'arbitrage est la procédure qui permet le litige
non pas à un juge étatique, mais à un juge privé, qui est un simple particulier
réputé pour ses compétences techniques en la matière du litige et son intégrité.
Cette personne doit faire partie des institutions de l'arbitrage, notamment
figurer dans la liste des arbitres. L'arbitre rend ainsi une décision appelée
sentence, qui est reconnue, exécutée et peut être contestée.
Par Jrang An@go.
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